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L’IA e(s)t l’art ?

Il est impossible de ne pas avoir vu passer les images générées par l’Intelligence Artificielle (IA) qui inondent les réseaux sociaux et autres plateformes. Certaines portent l’ambition d’être des œuvres d’art, mais peuvent-elles vraiment y prétendre ?

Une étude d’Ahmed Elgammal, chercheur à l’Université Rutgers, révèle des résultats ahurissants selon lesquels 75% de la population serait incapable de faire la différence entre une oeuvre réalisée par un humain et celle réalisée par une IA. L‘idée de “machines pensantes” a été explorée pour la première fois par le mathématicien britannique Alan Turing (1912-1954) qui s’est inspiré de la neurobiologie. Mais c’est la récente combinaison de l’IA avec le big data qui lui a donné un nouveau souffle. Celle-ci lui a permis de réaliser le “deep learning” afin d’apprendre par elle-même à l’aide de ce très grand nombre de données.

La nouvelle place de l’artiste

De plus en plus d’artistes s’emparent ainsi de l’IA pour créer des œuvres. Pour certains, ce serait alors la mort de l'artiste. Cet avis n’est pas partagé par Valentin Schmite, co-auteur de Propos sur l’art et l’intelligence artificielle, qui déclare “L’IA est un outil ! Elle remplace l’artiste autant que l’appareil photo remplace le photographe… Il y a des créateurs derrière elle.” Et celle-ci s'infiltre dans tous les domaines : écriture, peinture ou encore musique. En architecture par exemple, la mathématicienne de formation irako-britannique Zaha Hadid concevait des bâtiments, souvent qualifiés “d’organiques”, à l’aide de nombreux programmes.

Portrait d’Edmond de Belamy réalisé par le collectif Obvious

En octobre 2018, a eu lieu la première vente d’une œuvre d’art faite à l’aide de l’IA. Le portrait d’Edmond de Belamy, réalisé par le trio français Obvious, s’est vendu aux enchères à 432 500 dollars au sein de la maison de vente Christie’s. Cependant, eux-mêmes précisent qu’il n’a pas été réalisé par mais bien avec l’IA, un moyen de rappeler que l’humain reste toujours nécessaire dans le processus de création, même s’il prend un rôle plus technique qu'artistique. A contrario, certains artistes questionnent paradoxalement l’IA en usant de celle-ci. Ainsi, le créateur et écrivain Douglas Coupland appelle à la méfiance vis-à-vis de la reconnaissance faciale à travers une série de portraits dissimulés par des trames colorées. Cependant, la majorité de ces artistes ne questionnent pas tant une potentiel prise de pouvoir par l’IA que le pouvoir s’emparant de l’IA.

L’IA : nouvel artiste ?

Si l’IA ArtEmis est parvenue à offrir une palette d’émotions transmises par différentes oeuvres, cela reste un point complexe pour elle, en particulier en matière de création. En effet, lors de la fabrication d’oeuvres par IA, les points les plus délicats sont pour elle la transmission d’une émotion (mais aussi d’un message intrinsèquement lié à la société et à l’époque) et la sélection des éléments à inclure. Ainsi en était-il du projet Botto, un hybride entre une IA proposant différents choix créatifs potentiels et une équipe d’humains votant pour l’une des propositions. En bref, si l’IA créait, il s’agissait bien d’humains qui contrôlaient la production et le développement artistique.

Quelle place pour l’IA dans l’art ?

Bien l’IA ne puisse pas créer des oeuvres de façon parfaitement autonome, elle représente tout de même une véritable opportunité pour l’humain, en particulier pour les historiens d’art. En 2021 notamment, l’IA de l’entreprise Art Recognition est parvenue à attribuer l’origine d’un tableau, Portrait de Femme (Gabrielle), à l’artiste Renoir avec une certitude s’élevant à 80,5%. Et cette authentification s’inscrit dans une longue liste de 400 oeuvres dont l’origine a pu être trouvée par cette IA !  Encore plus impressionnant : le grand nombre de données dont dispose l’IA, du contexte historique à l’agencement des éléments de la toile, lui permette même de comprendre le cheminement intellectuel et créatif de l’artiste !

L’IA est-elle une menace ?

En augmentant la productivité de ceux qui les utilisent, les IA pourront amener à une quantité et à une rapidité de création particulièrement difficile à suivre, notamment dans le cinéma où les productions se doivent d’être toujours plus grandioses, sortir toujours plus vite, et attirant toujours plus de public. Ainsi, le cinéaste Perry Jonsson, bien qu’utilisant l’IA, admet le risque d’un “déclin constant vers la monoculture, où tout se ressemble et produit la même impression”. De même, il craint une baisse de la valeur de ces oeuvres due à la facilité de plus en plus grande de les produire. Peut-être qu’alors, l’oeuvre elle-même ne sera plus suffisante et la nécessité d’une histoire, provenant de l’artiste, derrière l’oeuvre redeviendra l’élément central de l‘art.    

Maïa Verderi, 1ère F

(Sources d’information : sites « lequotidiendelart.com », « artnewspaper.fr », « ndtvimg.com », « beauxarts.com », « larevueia.fr «  et « theguardian.com »)

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D
It's a fascinating article, a thought-provoking one.We study this evolution in LLCE AMC, as it has become a topical subject for 2 years.
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