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Culture

Même ou mème,

telle est la question !

Vous ne savez pas ce qu'est un mème ? Vous ne comprenez pas pourquoi des tonnes d'internautes font des dessins moches sur Paint ? Vous voulez faire un câlin à Slenderman et danser sur Nyan Cat ? Laissez-moi vous expliquer tout ça dans ce petit article imprégné de culture web.

 

Quel meilleur moyen de commencer cet article que définir un "mème" ?

On pourrait prendre la définition la plus simple donnée par les "étrangers" d'Internet : c'est stupide !

Mais on ne va pas s'arrêter là. Alors regardons sur Wikipédia : "un mème est un élément culturel reconnaissable répliqué et transmis par l'imitation du comportement d'un individu par un autre individu." Vous n'avez rien compris ? C'est normal. Prenons d'abord un exemple : vous êtes sûrement déjà tombé sur un tableau de la Joconde...légèrement remodelé. Que ce soit avec un visage de lapin, pourvu de 3 yeux ou même carrément un homme. Eh bien on peut qualifier cela de mème : une œuvre est passée d'individu en individu et a été modifiée, elle a "évolué".

Le terme "évolué" n'est pas pris par hasard, car la première trace du mot "mème" remonte au livre de Richard Dawkins Le gène égoïste, dans lequel le biologiste crée un équivalent des gènes mais pour les idées. Il explique la relation entre l'utilité d'un gène et d'une idée, l'un donne une caractéristique propre à chaque individu, l'autre une pensée. Ainsi, tout cela se propage (bien que pour le gène la propagation soit bien plus longue).

Je vous ferai remarquer aussi que ce livre est sorti en 1976, bien avant qu'Internet ne se soit démocratisé. C'est pour cela que j'ai pris La Joconde comme exemple, elle a été détournée avant l'apparition de Microsoft, ce qui invalide totalement l'idée que les mèmes viennent uniquement de notre réseau favori. Tout le monde a déjà fait le V de la victoire ou même un kamehameha.

Je vais donc donner une définition simple de "même" : c'est une idée qui se propage.

Cette idée passe dans une société, ou un groupe d'individus, s'y octroie un détournement, physique ou moral, et porte donc un sens que chacun a le droit d'interpréter. Je rappelle que la Svastika, symbole de paix dans les cultures orientales, est devenu le logo d'une idéologie qui a fait plus de mal que de bien.

Cet interlude nazi faite, parlons un peu plus en détail des mèmes ainsi que de leur propagation.

 

Entrée dans le monde des forums Internet

Même si, comme dit plus haut, les mèmes ne sont pas "endémiques" à Internet, celui-ci a été son plus grand outil de propagation.

Nombreux sont les premiers forumeurs à avoir institué des codes spécifiques à l’utilisation d'un site.

Certaines blagues très réutilisées, apparentées à des mèmes, ne sont compréhensibles que par les membres de ce site. C'est pourquoi il est normal d'être réticent à vouloir aller sur des forums où les réponses courantes aux néophytes sont tout simplement "No fuck given" (rien à faire), sans comprendre ce que cela veut dire !

Et c'est dans les années 2000, avec l'arrivée dans les foyers des ordinateurs, que ces forums se sont multipliés. Deux grandes découvertes, si on peut appeler cela ainsi, ont été faites : les smileys, que je ne présenterai pas parce que...en as-tu vraiment besoin ? Et les ragecomics. Derrière ce nom barbare se cache la forme la plus démocratisée des blagues inspirées des BD de notre enfance. Quatre cases, une situation initiale, un problème, une tête hilarante. Souvent réalisée avec Paint, cette forme de mème met en place une situation propre à chacune d'entre elles. Ces codes sont alors détournés pour en faire la même chose... mais différemment. On peut prendre comme exemple "Today I will" où est mis en scène un bonhomme tout simple (on est sous Paint, je vous rappelle) écoutant de la musique et devenant le stéréotype de celle-ci. S'il écoute du métal, il se verra pousser les cheveux et la barbe. Une page sera plus parlante :

(source : site « reddit.com »)

Le ragecomic est une forme de mème, et une infinité de concepts reprenant ces 4 cases en découle. Je vous laisse chercher par vous-mêmes avec les noms suivants : Loss, Rageface, Forever Alone ou encore Cereal Guy.

 

Des blagues dérivables à l’infini

Une autre forme de mème a aussi perduré : les Advice Animals.

C'est une photo ou un dessin qui ne représente plus vraiment des animaux avec le temps, avec deux lignes. La première posant la situation, la seconde la chute. Avec une utilité qui varie justement selon les mèmes. On trouve un loup qui fait des blagues nécrophiles, un ours qui partage ses problèmes, un pingouin très sociable ou des vieux qui sont vieux. Cette forme n'a pas de limite de création, on peut tous créer un personnage et lui donner un gimmick, une personnalité que l'on va exploiter en Advice :

(montage : N. Renaudin)

Mais les mèmes Internet ne sont pas que des planches de BD et des photos avec deux lignes. C'est aussi des concepts et des symboles.

 

Gijinkas : les monstres aux visages d’anges

Maintenant vient le tour des Gijinkas. Ce sont des métaphores de concepts sous forme anthropomorphique de jeunes filles. Je ne vous ferai pas l'affront d'expliquer ce qu'est une métaphore, mais les pour les trois du fond, je vais clarifier cette définition. Une Gijinka est une jeune fille qui représente une idéologie, un concept, ou bien toute forme d'existence qui n'est pas humaine. C'est alors qu'un Internaute a décidé de dessiner une jeune fille habillée en rose...symbolisant l'ébola. Ebola-chan fut donc créée. A l'origine un troll sur les nombreuses morts liées à cette maladie en Afrique, l'auteur a voulu angéliser l’Ebola avec le portrait d'une jeune fille mignonne et innocente, aux antipodes de la réalité. Vous trouverez sur le même principe Ipo-chan, la Gijinka de la censure et Aperator-chan, chef de l'Armée américaine.

Mais tous ces mèmes furent créés après les années 2000. Il est maintenant temps d'en découvrir des plus anciens.

 

Retour aux sources

Si on remonte très loin dans le temps, on retrouve le carré sator :

SATOR

AREPO

TENET

OPERA

ROTAS

Celui-ci a la particularité d'être un palindrome dont les lettres du haut se lisent dans le même ordre que celles du bas jusqu'au mot "tenet", qui se lit dans les deux sens. Apparemment, cette blague a bien dû plaire, puisque qu'on la retrouve dans de nombreux monuments culturels de l'époque, ainsi que sur la Cathédrale de Sienne, en Italie. Ce carré pourrait bien être l'un des premiers mèmes de l'histoire, si le concept est rétroactif.

Plus récemment, il y a peine 70 ans, on retrouvait durant la Seconde Guerre mondiale un petit dessin d'un homme caché derrière un mur, avec un gros nez. Il était écrit en-dessous "Kilroy was here", Kilroy était là, c'est à dire avant vous. Si un dénommé Kilroy a bien existé, il n'a certainement pas expliqué comment il arrivait toujours avant l'armée américaine pour dessiner. Mais cette répétition a bien amusé les soldats qui ont eux-mêmes contribué à l’expansion de ce petit bonhomme, et leurs descendants en voient les traces dans Bugs Bunny et la signature de Finn d'Aventure Time.

Comme quoi, les mèmes sont un sujet vaste, et il ne tient qu'à vous d'en découvrir le plus possible.

Je vous recommande les œuvres et chroniques de Julien Evrard, alias Mad Dod, qui a écrit deux livres sur les mèmes : 50 icônes du Net à connaître pour vous la péter dans les soirées mondaines et 50 expressions du Net d'avant hier et quasiment d'aujourd'hui, que vous pouvez trouver sur son site « lachroniquefacile.fr ».

Et si l'anglais ne vous fait pas peur, l'excellent site "Know your meme" recense la quasi-totalité des mèmes, au moins ceux qui arrivent à sortir des forums :

https://knowyourmeme.com/

Bonne journée sur Internet !

Nathan RENAUDIN, 2nde Washington

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