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NOVEMBRE : LE NOUVEAU FILM COUP DE POING DE CÉDRIC JIMENEZ

Après Bac Nord, sorti en salle il y a déjà deux ans, le réalisateur de 46 ans revient à la charge avec un nouveau thriller policier, qui nous plonge cette fois-ci au cœur de l’anti-terrorisme de Paris durant les cinq jours d’enquête qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015.

L’affiche de Novembre (source : France info)

Avec Novembre, Cédric Jimenez confirme son engouement pour la police et les scènes d’action sous haute tension. Après avoir réalisé des films comme Aux yeux de tous, qui racontait la traque de poseurs de bombe par un hacker dans tout Paris ; La French, dans lequel un juge aux méthodes douteuses s’attaque à une organisation mafieuse du Marseille des années 70 ; et de HHhH, qui relate l’assassinant du général SS Reinhard Heydrich à Paris, le réalisateur de Bac Nord a écrit son nouveau scénario autour de la traque des terroristes des attentats du 13 novembre 2015 par les services du contre-terrorisme français, au cours de 5 jours et nuits sans répit où les policiers, mais aussi les spectateurs, sont constamment sous pression.

Un film sous tension

Jimenez ne laisse jamais reposer sa caméra, et balade ses acteurs et l’auditoire de la banlieue parisienne au Maroc, en passant par Bruxelles et Athènes. Cette impression de tournis fait ressortir à merveille le travail sous pression mené par les policiers, entre la crainte de perdre la trace des terroristes en fuite et la menace d’un nouvel attentat, les forçant à enquêter sans relâche. Et ce sentiment est appuyé par l’arrivée des informations au compte-gouttes, tenant ainsi le spectateur en haleine tout le long du film, et lui procurant le sentiment d’avancer à tâtons au côté des services de police. Le seul moment où la caméra se fige est lors de la scène de l’interrogatoire, scène pivot dans l’articulation du scénario du film, très cohérent et bien organisé par ailleurs, qui met en exergue le besoin essentiel, et même vital, d’informations. Enfin, à tout cet admirable mélange de méthode et d’intuition s’ajoute le casting cinq étoiles composé de Jean Dujardin (le chef), Jérémie Renier (son second), Anaïs Demoustier (l’adjointe) et Lyna Khoudri (la lanceuse d’alerte), dont le travail sur leurs émotions participe grandement à l’atmosphère du film.

Des partis pris réussis

Novembre, contrairement aux précédents longs-métrages du réalisateur, ne tourne pas autour d’une problématique préétablie, mais laisse l’histoire se résoudre comme l’a été la traque des terroristes, avec l’opération policière du 18 novembre 2015 à Saint-Denis. Cédric Jimenez décide au contraire de centrer son film sur les émotions de ses héros. Bien qu’il traite des attentats du 13 novembre, le réalisateur décide d’éluder ces derniers, préférant tourner son objectif vers la réaction des policiers et l’effroi et la panique qu’ils expriment devant le drame qui se déroule au même moment. Ce choix de s’attarder sur les visages des protagonistes, avec des plans serrés pour capturer leurs émotions (l’anxiété, la crainte, le doute, mais aussi la colère, et parfois la détresse) tout au long de l'enquête, est un des nombreux partis pris du film, et fait preuve de la réalisation inattendue que nous propose Jimenez. Ce dernier choisit par exemple de ne jamais montrer les visages des terroristes en fuite, soit en prenant le point de vue des policiers, soit en ne voyant que leurs corps, ajoutant ainsi une nouvelle tension autour de la difficulté à identifier les terroristes. Même lors de la scène finale, les seuls échos que nous avons d’eux sont des bribes de voix et des cris, entrecoupés des rafales de tirs entre ces derniers et les forces d’intervention, dans une bataille assourdissante où la violence inouïe nous laisse bouche bée.

Un rapport distant

Finalement, la seule limite que l’on puisse trouver à Novembre et son évocation seulement factuelle des attentats. En effet, le traumatisme qu'ont provoqué ces attaques du 13 novembre et le deuil national qui les a suivies restent en suspens, le film se concentrant uniquement sur les forces policières et leur enquête. Ce choix peut même par moment s’apparenter à de la banalisation. Un peu comme un simple rapport de police.

S. Coutin–Pouey-Santalou, Tale St Thomas d’Aquin

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